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Une approche inédite pour étudier l’hypoxie permet l’identification d’un nouveau marqueur potentiel pour les cancers ovariens

Publié le 31 juillet 2024

Dans une nouvelle étude, l’équipe d’Etienne Gagnon, directeur de l’Unité de recherche en immunobiologie du cancer de l’IRIC, a développé un protocole de culture cellulaire reproduisant fidèlement les conditions caractéristiques des tumeurs primaires. Le groupe a également identifié une nouvelle forme de la protéine WT1 associée à une faible survie à long terme pour les personnes atteintes de cancers de l’ovaire. Parue dans le journal Cancer Gene Therapy, l’étude a été menée par le doctorant Jordan Quenneville.

 

La méthode LTHY : pour reproduire des conditions hypoxiques en laboratoire

L’hypoxie, un apport réduit en oxygène, caractérise l’environnement cellulaire de nombreuses tumeurs solides. Cette caractéristique contribue à rendre les cellules tumorales résistantes aux traitements de chimiothérapie, radiothérapie et immunothérapie. L’hypoxie est ainsi associée à un mauvais pronostic pour les personnes malades. Les méthodes existantes pour l’étudier en laboratoire ne reproduisent pourtant pas les conditions observées pendant le développement tumoral.

Pour remédier à la situation, l’équipe du laboratoire Gagnon a développé un nouveau protocole de culture cellulaire, nommé LTHY (pour « Long-Term Hypoxia », ou hypoxie à long terme). Cette méthode mime le développement progressif de l’hypoxie sévère observée in vivo. De fait, l’approche développée combine à la fois durée et gravité pour imiter l’apparition et la progression d’une tumeur. Ce protocole inédit fait déjà école, alors que plusieurs autres groupes de l’IRIC commencent à l’utiliser pour leurs travaux de recherche respectifs.

 

Un nouveau marqueur d’agressivité et de survie?

Les cellules soumises au protocole LTHY subissent spontanément une transition épithélio-mésenchymateuse (EMT, pour « epithelial–mesenchymal transition »), ce qui les rend invasives et mène éventuellement à la formation de métastases. Dès le début de cette transition, les cellules cultivées produisent une forme tronquée de la protéine WT1, connue pour promouvoir l’EMT et l’apparition de cancers. L’équipe a par ailleurs découvert que cette nouvelle forme est issue d’une portion intronique du gène WT1, soit une région qui n’est habituellement pas utilisée pour la production de protéines. Le produit résultant, en plus d’être tronqué, contient donc une séquence protéique non conventionnelle, dite cryptique. La forme tronquée de WT1 demeure néanmoins fonctionnelle et se lie à plusieurs gènes impliqués dans l’EMT.

Bien qu’identifiée dans plusieurs échantillons de cancers humains, cette forme de WT1 est particulièrement présente dans les cancers ovariens, connus pour être hypoxiques. De plus, sa présence dans ce type de cancers est associée à une faible survie à long terme pour les personnes atteintes. Ainsi, la forme tronquée de WT1 pourrait devenir un nouveau marqueur pour prédire l’agressivité et la survie dans les cas de cancer des ovaires.

 

Étude citée

Quenneville J, Feghaly A, Tual M, Thomas K, Major F, Gagnon E. Long-term severe hypoxia adaptation induces non-canonical EMT and a novel Wilms Tumor 1 (WT1) isoform. Cancer Gene Ther (2024). https://doi.org/10.1038/s41417-024-00795-3