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Claude Perreault et Pierre Thibault, fondateurs d’Epitopea, une compagnie porteuse d’espoir pour le traitement du cancer
Publié le 26 mai 2022
Fondée en 2021, la société de biotechnologie transatlantique Epitopea voit le jour à la suite de collaborations entre les équipes de Claude Perreault et de Pierre Thibault, tous deux chercheurs principaux à l’IRIC. L’organisation a pour mission de développer des immunothérapies pour traiter les différents types de cancers en ciblant une nouvelle classe d’antigènes.
Epitopea se compose de sociétés sœurs basées à Cambridge et à Montréal et a reçu le soutien de nombreux investisseurs de premier plan dans le domaine des sciences de la vie, notamment Advent Life Sciences, CTI Life Sciences, Cambridge Innovation Capital, le Fonds de Solidarité FTQ, le Harrington Discovery Institute et Novateur Ventures.
Dr Claude Perreault a accepté de répondre à quelques questions en lien avec la création et la genèse de la compagnie Epitopea :
Quelle est la mission d’Epitopea ?
Claude Perreault (C.P) : Grâce à une collaboration entre mon équipe, celle de Sébastien Lemieux et de Pierre Thibault, nous avons découvert dans les cellules cancéreuses des molécules anormales qui peuvent être reconnues par le système immunitaire. Ces molécules sont nommées antigènes cancer-spécifiques et sont fabriquées par une portion méconnue de notre ADN communément appelée ADN poubelle. Qui dit antigène dit substrat potentiel pour un vaccin. La mission d’Epitopea est de déterminer, avec des partenaires scientifiques et pharmaceutiques, si des vaccins contenant nos antigènes cancer-spécifiques peuvent être efficaces pour traiter le cancer. Une partie des travaux futurs d’Epitopea sera réalisée à l’IRIC par l’équipe de Pierre et la mienne.
Que représente la création de cette compagnie pour vous ?
C. P. : La création de cette compagnie représente beaucoup de choses pour moi.
- La possibilité de guérir des humains plutôt que des souris (!)
- L’illustration du grand potentiel du modèle de recherche de l’IRIC. Le fait que les antigènes cancer-spécifiques fabriqués par l’ADN poubelle aient été découverts à l’IRIC n’est pas (uniquement) le fruit du hasard. Cette découverte aurait été impossible sans l’expertise de pointe de nos plateformes technologiques, l’esprit entrepreneurial et le mentorat d’IRICoR, et l’esprit de collégialité de l’IRIC. Je parle ici de véritable collégialité : celle qui implique que nous apprenions le langage de nos collègues (chimie, informatique, immunologie, génétique, etc). Ayant été un des membres fondateurs de l’IRIC, j’ai suivi son développement avec enthousiasme de sa gestation à maintenant…et ses succès me réjouissent grandement.
- Pour beaucoup de choses il faut un village, pour d’autres il faut un centre universitaire! J’ai souvent été surpris du fait que les étudiants et étudiantes gradué(e)s en recherche se disaient moins valorisés dans leur milieu que les étudiants et étudiantes en médecine par exemple. J’espère que tous les étudiants et étudiantes et le personnel de l’IRIC qui ont contribué à nos travaux s’enorgueilliront de savoir qu’ils ont contribué à des découvertes étonnantes qui pourraient (on l’espère) avoir un impact médical direct.
Quels sont les impacts potentiels en clinique ?
C.P. : Les impacts potentiels sont multiples.
- Le public. La recherche menant à la découverte des antigènes cancer-spécifiques a été subventionnée par nos concitoyens. Plus précisément par leurs taxes et impôts qui supportent notre système d’éducation et nos grands organismes subventionnaires (IRSC, FRQS), et par leurs dons à l’IRIC ou à des fondations qui supportent la recherche. Nos concitoyens peuvent se dire qu’en supportant l’émergence d’Epitopea, ils ont créé des emplois de qualité et pourraient influencer la santé de gens ailleurs sur la planète (l’Université de Montréal et du monde).
- Le patient. En paraphrasant André Malraux et Jacques Monod, je dirais que la condition humaine est le fruit du hasard (des mutations) et de la nécessité (de s’adapter). La principale cause de plusieurs types de cancer est le hasard/malchance (mutations résultant de fautes de copie lors de la mitose de cellules progénitrices). Ces cancers sont donc impossibles à prévenir. Pour améliorer la condition humaine, il faut donc trouver de nouveaux traitements contre le cancer. Je pense qu’actuellement les vaccins et autres formes d’immunothérapie sont les formes les plus prometteuses de traitement du cancer. La plupart des gens que je connais préféreraient recevoir un vaccin qu’un cycle de chimiothérapie. De plus, le développement de vaccins anti-cancer permettra de mettre à profit les nouvelles approches et plateformes vaccinales développées pour traiter la maladie de la COVID-19.