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Un pas de plus est franchi vers un vaccin anticancer

Publié le 30 mars 2021

Par Mathieu-Robert Sauvé (FORUM, UdeM Nouvelles) – publié le 18 mars 2021

Claude Perreault et son équipe publient cette semaine un article important sur la mise au point d’un vaccin thérapeutique contre un cancer du sang.

Une recherche menée à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal et publiée cette semaine dans la revue Immunity pourrait ouvrir la porte à la mise au point d’un vaccin contre une forme de cancer du sang mortelle, la leucémie myéloïde aigüe (LMA). « C’est une percée majeure, car nous avons démontré que certains antigènes étaient efficaces contre le développement de cellules cancéreuses. Ces antigènes semblent posséder toutes les qualités requises pour mener à un traitement contre la LMA, un objectif réputé difficile à atteindre », explique l’hématologue Claude Perreault, coauteur de l’article qui compte 21 autres signataires.

C’est en explorant la précieuse banque Leucegene, qui regroupe des échantillons cellulaires de milliers de personnes atteintes de LMA, que le professeur Perreault et ses collègues ont pu tester leurs hypothèses, d’abord in vitro, puis à l’aide d’un modèle animal, la souris. Les cellules de 437 patients ont été nécessaires à la mise au point du traitement.

Les résultats ont été si encourageants que les chercheurs envisagent maintenant la première phase d’une recherche clinique auprès d’une centaine de patients recrutés dans le monde. « Nous souhaitons agir rapidement, car nous avons de bonnes raisons de croire que notre approche pourrait leur permettre de survivre », commente le professeur de la Faculté de médecine de l’UdeM. « Le recrutement se fera à l’échelle internationale, puisqu’on choisira des patients qui ne répondent pas aux traitements existants. »

« In vivo veritas »

L’approche de l’IRIC consiste à assurer le continuum entre la recherche fondamentale et l’application clinique, comme l’illustre l’exemple du vaccin contre la LMA. Quand on obtient des résultats prometteurs en recherche fondamentale, on peut passer à l’application sur des modèles animaux. « In vivo veritas », résume le chercheur.

Le plus ardu a été de désigner les antigènes capables de s’attaquer aux cellules cancéreuses. « Pour vous donner une idée de l’ampleur de la tâche, le génome d’une cellule du virus qui cause la pandémie actuelle compte environ 30 000 lettres; celui d’une cellule cancéreuse en compte six milliards, environ 200 000 fois plus… »

L’expérience a permis de préciser les bonnes cibles. En 2018, l’équipe du professeur Perreault avait retenu l’attention de la communauté scientifique en découvrant des antigènes sur « l’ADN poubelle », soit dans l’immense bassin d’ADN dont on ne connaît pas l’utilité. Cela avait valu à l’équipe de retenir l’attention de Québec Science dans la sélection des découvertes de l’année en 2019.

Trois conditions

Trois conditions doivent être réunies avant de passer à la recherche clinique et éventuellement de mettre au point un traitement médical.

En plus d’être présents uniquement sur les cellules cancéreuses qu’on veut atteindre, les antigènes doivent être communs à plusieurs cancers; enfin, l’administration de la molécule doit entraîner une réponse immunitaire forte.

Les trois conditions ont été respectées dans le cas présent et la publication dans Immunity, une revue très influente dans le monde scientifique, le confirme. La société de transfert technologique IRICoR et le Bureau Recherche-Développement-Valorisation de l’Université de Montréal soutiennent le chercheur et son équipe dans l’élaboration d’un vaccin.

Mais le chercheur ne veut pas crier victoire trop vite. « Le succès que nous avons obtenu sur la souris est un bon signe, mais n’est pas suffisant. Les populations humaines présentent beaucoup plus de diversité qu’un groupe de souris. »

Pour les personnes atteintes de LMA, la piste proposée par l’IRIC est tout de même prometteuse.