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Un pas de plus vers le développement d’un vaccin thérapeutique contre le cancer
Publié le 7 décembre 2018
La plus récente découverte du Dr Claude Perreault et de son équipe, expliquée dans la revue Science Translational Medicine
Par Krystel Vincent, agente de recherche et Céline Laumont, étudiante au Ph. D., au sein du laboratoire de Claude Perreault
« Notre étude ayant révélé l’existence de nombreux antigènes spécifiques aux tumeurs non-mutés dans sept échantillons humains, dont 4 leucémies, nous permet d’espérer ainsi rendre cette thérapie accessible à tous les types de cancers. »
Pour présenter leur identité au système immunitaire, chacune de nos cellules expose une collection de peptides, aussi appelés antigènes, générés par la dégradation de leurs protéines. Sachant que les cellules cancéreuses produisent des protéines anormales, leur carte d’identité va se composer d’une majorité d’antigènes normaux et de quelques antigènes anormaux. De par leur rareté, ces antigènes anormaux peuvent être manqués par le système immunitaire. L’objectif du projet de recherche était donc d’identifier le répertoire complet des antigènes présentés exclusivement par les cellules cancéreuses, dans le but de développer un vaccin pour entraîner notre système immunitaire à les reconnaître et les éliminer.
L’équipe du labo Perreault pensait que les antigènes présentés par nos cellules pour la surveillance immunitaire provenaient exclusivement de la portion codante de notre ADN, c’est-à-dire des 2% capables de produire des protéines. L’équipe a développé une approche combinant génomique, bio-informatique et protéomique grâce à laquelle elle a pu mettre en évidence que la majorité des antigènes spécifiques aux tumeurs sont produits par la portion non-codante de notre ADN! En plus d’être nombreux, ces antigènes ne portent pas de mutations, ce qui augmente considérablement leur chance d’être partagés par plusieurs patients. En plus de mettre en lumière le plus large répertoire d’antigènes spécifiques aux tumeurs, l’étude a également mis en évidence les facteurs clés pouvant influencer la capacité de ces antigènes à induire de fortes réponses antitumorales.
Jusqu’à présent, seuls les cancers à haut taux de mutations, tel le mélanome, pouvaient être traités à l’aide d’un vaccin ciblant des antigènes mutés spécifiques aux tumeurs.
Les cancers ayant très peu de mutations, tels les leucémies, ont longtemps été considérés comme étant de moindre intérêt pour ce type de thérapie. En effet, développer des vaccins thérapeutiques contre le cancer ciblant ce genre d’antigènes représenterait une façon peu coûteuse de sauver des vies et simplifierait grandement le traitement de cette redoutable maladie en limitant notamment les effets secondaires connus de la chimiothérapie.
Étude citée
Noncoding regions are the main source of targetable tumor-specific antigens. Sci. Transl. Med. 10, eaau5516 (2018).
C. M. Laumont, K. Vincent, L. Hesnard, É. Audemard, É. Bonneil, J.-P. Laverdure, P. Gendron, M. Courcelles, M.-P. Hardy, C. Côté, C. Durette, C. St-Pierre, M. Benhammadi, J. Lanoix, S. Vobecky, E. Haddad, S. Lemieux, P. Thibault, C. Perreault
http://stm.sciencemag.org/content/10/470/eaau5516
Dans les médias
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