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Comprendre la migration des cellules

Publié le 5 juillet 2012

Un premier pas pour vaincre les métastases

Deux équipes de recherche de l’IRIC ont récemment identifié de nouveaux régulateurs de la migration cellulaire, un processus essentiel à la formation des métastases. L’étude de Gregory Emery, effectuée en collaboration avec l’équipe de Paul S. Maddox aide à mieux comprendre les mécanismes contrôlant la migration de groupes de cellules et pourrait conduire à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques pouvant être utilisées pour empêcher la formation de métastases.  Les résultats de la recherche ont été publiés dans la revue scientifique The Journal of Cell Biology.
Chez les patients atteints de tumeurs solides (c’est-à-dire un cancer autre qu’une leucémie ou un lymphome), 90% de la létalité provient de tumeurs secondaires : les métastases. Celles-ci  sont initiées par des cellules qui quittent la tumeur originale, puis se déplacent dans les tissus avoisinant et utilisent parfois le flux sanguin pour envahir des tissus cibles comme le foie ou les poumons. Il existe de plus en plus d’évidence que les cellules tumorales ne se déplacent pas individuellement, mais en groupe, ce qu’on appelle des migrations collectives. De plus, ces cellules colonisent préférentiellement certains organes, car elles sont attirées par des signaux spécifiques qui en émanent.

Les modèles permettant d’étudier les détails moléculaires des migrations collectives sont rares. C’est pourquoi le groupe de Gregory Emery utilise la mouche Drosophile, un modèle des plus puissants pour comprendre les mécanismes moléculaires de la migration métastatique.
Dans une étude précédente, le groupe de Gregory Emery a montré que certaines voies de transport à l’intérieur des cellules de bordure (les cellules qui migrent en groupe) sont nécessaires pour maintenir leur déplacement dans une direction particulière. Plus précisément, cette étude impliquait deux protéines de la famille « Rab » : Rab5 et Rab11, dans ce processus. Ces protéines servent d’interrupteur pour certaines étapes du  transport intracellulaire. Puisque ces « interrupteurs » doivent continuellement s’allumer et s’éteindre pour que le transport intracellulaire fonctionne normalement, il importait donc d’identifier les protéines qui « allument » et « éteignent » Rab5 et Rab11.

Dans la présente étude, on a réussit à identifier deux protéines impliquées dans la migration collective en effectuant un criblage parmi toutes les protéines pouvant inhiber l’activité des protéines Rab. Alors qu’il est déjà connu qu’une de ces protéines agit sur Rab5 dans certaines cellules de mammifères, l’autre protéine, appelée Evi5 était jusqu’alors peu caractérisée. Avec l’aide  du groupe de Paul Maddox, un algorithme a été développé pour mesurer l’activité de Rab11 in vivo. On a ainsi pu démontrer que cette protéine est nécessaire pour « éteindre » Rab11.
Il est intéressant de noter qu’une des formes de Rab11 est impliquée dans la formation de métastases lors de cancers du sein. Evi5 pourrait donc s’avérer une cible thérapeutique intéressante dans ce contexte.  De plus, les « interrupteurs » Rab5 et Rab11 sont importants dans plusieurs voies de signalisation entre cellules et impliquées dans de nombreuses maladies. Une meilleure compréhension du fonctionnement du cycle d’activités de ces protéines est donc d’une grande importance.

Étude citéeLaflamme C, Assaker G, Ramel D, Dorn JF, She D, Maddox PS, Emery G. (2012). Evi5 promotes collective cell migration through its Rab-GAP activity.  The Journal of Cell Biology (Epub 2012 July 3).